Un monde sans travail est-il souhaitable ?
Historiquement, les Grecs témoignent du refus de la soumission à cette dure contrainte du travail : seuls les esclaves travaillent et sont souvent considérés comme des instruments animés… Hors de question pour un homme libre de se mêler de cette activité servile par définition. Par ailleurs, l’étymologie même du mot travail, tripalium, fait référence à un instrument de torture qui donnera lieu par la suite à un sens bien négatif, celui d’une pénibilité, d’une peine ou d’un effort. Cela suppose que nous l’éprouvons souvent comme un obstacle à notre liberté, un mal nécessaire, un simple moyen imposé par notre nature biologique ou la société qui distribue à chacun les fonctions. Chaque individu est donc celui qui, dans une perspective ou dans une autre, rencontre ou rencontrera le travail comme l’instrument de son aliénation, de son exploitation et de la limitation même de sa liberté. Mais paradoxalement, le travail a évolué au cours de l'histoire et à mesure que la population a augmenté et du fait de la rareté des biens, travailler est devenu, aujourd'hui, une impérieuse nécessité et la condition d'un développement qui permet à une société de consommation de jouir de privilèges. Mais la véritable question de l'éventualité d'un monde sans travail demande à ce que l'on étudie les aspects qui peuvent l'amener à devenir une activité aliénatrice, ou au contraire libératrice. Si d'après Hannah Arendt, le travail constitue un cercle d'actions répétitif donc pénible, c'est aussi le résultat d'un savoir propre à l'Homme, qui donc le distingue de l'espèce animale et lui permet d'acquérir une certaine humanité.
Ainsi, l'éventualité d'un monde dénué de contraintes, mais qui aménerait à une certaine déshumanisation de l'Homme, serait-elle envisageable ?
Pour pouvoir répondre à cette problématique, nous commencerons par envisager, dans une première partie, les raisons qui pourraient légitimement faire souhaiter que le