Un personnage médiocre peut-il être le héros d'un roman ?
A l'origine de la littérature, le héros est un personnage remarquable, dont les exploits forment la trame du récit. A ce héros épique idéalisé et hors du commun, succède le personnage du roman, un être social qui acquiert une psychologie et des caractéristiques individuelles qui le rapproche plus du lecteur.
Médiocre vient de « medius » en latin qui signifie milieu. Une personne médiocre a donc peu de capacités, elle ne dépasse pas voire même n'atteint pas la moyenne.
Dans un roman, un personnage médiocre peut-il donc être un héros ? La question semble rhétorique et n'appelle apparemment qu'une réponse négative, mais l'évolution des personnages du genre romanesque montre qu'il y a de la place pour l'homme ordinaire.
C'est donc un plan dialectique que nous privilégierons pour traiter ce sujet.
Les personnages de roman sont fictifs. Certains font l'objet d'un portrait physique, moral, social, psychologique; d'autres sont décrits uniquement au travers de leurs actes ou de leurs paroles.
Le roman est un miroir, disait Stendhal, et, comme tout miroir, il peut être fidèle ou déformant, neutre ou magique, son champ de vue peut être immense ou très étroit.
Pour exister, le roman doit se construire autour d'un héros puissant, une figure forte qui lutte et qui connaît un destin exceptionnel. Le héros du genre romanesque poursuit une quête : la gloire, l'amour, mais c'est presque toujours la connaissance de lui même qu'il recherche au sein de l'action qu'il mène et des aventures qu'il affronte. Dans cette quête, il a des alliés et des adversaires; l'opposition est parfois en lui-même et il est alors intérieurement déchiré.
On constate une évolution du héros par le changement d'objectif de la quête qu'il mène au fil du temps. Le personnage stéréotypé du Moyen Âge, le chevalier en quête d'aventures, abandonne progressivement les exploits guerriers pour des épreuves d'un autre type que lui imposent