Un roi sans divertissement
Un roi sans divertissement de Jean Giono
I. Écrivain et son oeuvre jusqu’à la publication d’Un roi sans divertissement (1947) :
Jean Giono naît en 1895 à Manosque, en Haute-Provence, de père cordonnier d’origine piémontaise et de mère blanchisseuse-repasseuse d’origine picarde. Obligé d’interrompre ses études secondaires avant le baccalauréat, il commence à travailler comme employé de banque. Mobilisé en 1915, il sort de la guerre de 1914-18 contusionné, légèrement gazé et convaincu de l’inutilité du massacre auquel on l’a obligé de participer. En 1919 il retourne à sa banque et y travaille jusqu’en 1929, date de publication de son premier roman, Colline, qui, lancé entre autres par Gide voyant dans son auteur un nouveau Virgile provençal, remporte un grand succès à la suite duquel Giono se décide à vivre désormais de sa plume. Dans la décennie à venir (1929-1939), il publie ainsi plusieurs romans et essais qui le consacrent comme auteur d’utopies paysannes, pacifiste et écologiste avant la lettre. En 1934, avec ses amis, il fonde au Contadour, une ferme abandonnée en Haute-Provence, un lieu de rencontre avec des jeunes qui voient en lui un véritable maître à penser prônant les vraies richesses, c’est-à-dire le retour à la nature. Au Contadour, pendant les vacances de Pâques et celles d’été, se fixent le rendez-vous des lycéeens, étudiants, ainsi que quelques jeunes ouvriers et agriculteurs gagnés par les idées de l’écrivain de Manosque.
Tout porte à croire que Giono est sincèrement attaché à ses idées. Cependant, il considère l’engagement comme une entrave à l’acte créateur qui a toujours constitué pour lui sa raison d’être et une source intarrissable de bonheur personnel. Le personnage de Bobi de Que ma joie demeure (1934), saltimbanque ambulant prêche la fraternité et la joie de la vie au sein de la nature