Un thème mythico-floklorique: la fée qui s'estime dédaignée et qui se venge
Un thème mythico-folklorique : la fée qui s’estime dédaignée, méprisée (notamment à cause de l’oubli d’un couteau lors d’un repas offert aux fées)… et se venge. Du Jeu de la Feuillée à La Belle au bois dormant.
Le personnage de la fée trouve un large écho dans le champ littéraire, et cela depuis les premiers mythes cosmogoniques. La relation que le conte entretient avec le mythe est ontologique, thématique et problématique, notamment en ce qui concerne l’illustration de la puissance du Destin. Parce qu’en effet, la fée est d’abord l’avatar du destin, celui-là même auquel nul ne peut échapper, celui-là même qui conditionne notre propre vie de simple mortel.
En quoi la fée vindicative voire maléfique trouve-t-elle tant écho dans notre propre inconscient ? Figure emblématique d’un espace et d’un temps proprement fabuleux, au croisement de la mythologie gréco-latine et des légendes celtiques, la fée recouvre plusieurs fonctions surnaturelles. La tradition médiévale lui accorde une place importante de par sa fonction de traduction d’un inconscient collectif.
Ce premier point sera l’occasion d’aborder les origines des fées, de comprendre la dichotomie existante entre bonnes fées et fée maléfique et d’appréhender l’évolution des Tria Fata. Il y avait d’abord les fatae : les Moires (Μοῖραι) grecques qui à Rome ont été confondues avec les Parques, les démons de la naissance, les fées ventrières. Il s’agissait de trois déesses qui filaient et coupaient le fragile fil de la vie des hommes. Leur nom, en grec, comme en latin signifie "part" : la portion allouée à chaque mortel, son destin. Elles ont un palais où les destinées des hommes sont gravées sur le fer et sur l'airain, de sorte que rien ne peut les effacer. Immuables dans leurs desseins, elles tiennent ce fil mystérieux, symbole du cours de la vie, et rien ne peut les fléchir ni les empêcher d'en couper la trame. De rares exemples montrent que les trois sœurs