Une charogne
Baudelaire, Les Fleurs du mal, section «Spleen et Idéal», «Une charogne» (p. 77 à 79, Ed. Le
Livre de Poche, Coll. «Classiques de poche»).
Problématique : En quoi cette vision horrible d’une charogne féminine constitue-t-elle, paradoxalement, un prétexte à l’expression de la beauté et du rôle du poète ?
I) L’association de la laideur et de la beauté
1) L’expression d’une vision horrible
- Il est possible de remarquer la présence du champ lexical de la vermine («vermine», «larves»,
«mouches»).
- Baudelaire crée par ailleurs une vision presque surnaturelle, où la mort est tellement présente qu’elle semble vivante : «étrange musique» & strophe n°6 où apparaissent les verbes d’action
«s’élançait», «descendait», «montait», et les vers 23-24 : «On eût dit que le corps (...) vivait en se multipliant».
2) Des oppositions tendant à fusionner
- L’auteur emploie bon nombre de rimes antonymiques : par exemples, «charogne infâme» +
«mon âme», ou «s’épanouir», «évanouir». Ces rimes participent au rapprochement fusionnel entre laideur et beauté.
- De plus, Baudelaire emploie des antithèses (comme «ce beau matin d’été si doux» VS «une charogne infâme») qui, bien loin d’opposer des contraires, les font se rapprocher.
- Il en va de même avec l’utilisation d’oxymores, comme «carcasse superbe».
II) Les portraits de la femme et de la charogne afin de créer une description ironique
1) Présences de l’érotisme et de la mort (topos de l’ «Eros et Thanatos»)
- Certaines images font référence à des situations sexuelles, comme «jambes en l’air» ou «femme lubrique». - L’adjectif «brûlante» recèle une syllepse (figure de style consistant à jouer sur le double sens d’un mot, ici celui de la fièvre qui conduit à la mort, mais aussi celui du désir sexuel).
- L’indication «son ventre» insiste sur la partie du corps féminin qui constitue le centre de sa sensualité. 2) La présence du registre ironique
- L’auteur emploie des expressions purement