UNE DROLE DE PECHE
Je me souviendrai toujours de ce vendredi 6 août 2002 où Victor, mon meilleur ami, et moi décidâmes de partir à la pêche. Nous avions tous deux dix ans et maman avait peur de nous laisser partir seuls à l’aventure dans la campagne. C’était les grandes vacances, toute la famille était réunie dans le midi et cet été là il faisait particulièrement chaud. Le matin nous partîmes très tôt, heureux de notre liberté. La négociation avait été longue mais maman avait cédé devant notre insistance. Notre canne à pêche à l’épaule, nous discutions joyeusement sur le trajet menant à la rivière quand le soleil pointa son nez. Les premières lueurs de l’aube nous offraient un spectacle magnifique. Arrivés au bord de l’eau, nous nous installâmes confortablement à l’ombre sous un splendide saule pleureur. Nous déployâmes tout notre matériel. Les yeux fixés sur le bouchon, l’attente commença. L’eau transparente et claire réverbérait la lumière rasante du soleil, envoyait mille reflets dorés nous obligeant à battre des paupières. Quelques heures passèrent lentement. Le calme environnant troublé uniquement par le bruissement de l’eau nous berçaient doucement. Malheureusement, contrairement à un martin-pêcheur, qui lui, dans sa belle robe bleue et rousse, plongeant comme une flèche au milieu des flots en ressortit une truite au bec nous restâmes bredouilles toute la matinée. Cela ne perturba pas notre belle humeur joyeuse et le trajet du retour se fit en riant, criant et courant de tous côtés. Tout-à-coup au détour d’un sentier, alors que j’enseignais une prise de judo à Victor, j’aperçus au loin, à la base d’un buisson une drôle de tache blanche. T’as vu ? Q’est-ce-que c’est ? dis-je à Victor. On dirait une touffe de poil blanc, allons voir répondit-il.

Nous nous approchâmes prudemment. Nous découvrîmes alors un spectacle répugnant. J’en frissonne encore en y repensant. Imaginez un lapin dont la queue frétille et se trémousse désespérément pendant que le reste de