Une histoire d'exigences : philosophie et agrobiologie.
Une histoire d’exigences : philosophie et agrobiologie. L’actualité de la pensée des fondateurs de l’agriculture biologique pour son développement contemporain. Y. Besson Centre de Recherches et d’Etudes Interdisciplinaires sur le Développement Durable Correspondance : yvanbesson@free.fr
« L’ontologie comme fondement de l’éthique fut le principe originel de la philosophie. Leur divorce, qui est le divorce des domaines « objectif » et « subjectif », est la destinée moderne. Leur réunion ne peut être effectuée, si elle le peut jamais, qu’à partir de la fin « objective », c’est-à-dire à travers une révision de l’idée de nature. Et c’est la nature en devenir plutôt qu’immuable qui pourrait tenir une telle promesse ». Hans Jonas, Le phénomène de la vie, Vers une biologie philosophique.
Résumé : Originellement l’agrobiologie est déterminée par une approche holistique, au sein de la problématique nature et technique. L’ordre des choses sert de modèle pour l’agronomie biologique comme pour penser l’agriculture dans la société. Tirer de ce qui est ce qui doit être socialement n’est pas conforme au fonctionnement éthique et juridique de la modernité. Mais cette conception du monde s’accorde avec la vision antique de la nature. Spécialement, la biologie est prise pour fondement de l’agriculture par A. Howard, R. Steiner, H.P. Rusch, M. Fukuoka. Cette biologie des fondateurs de l’agrobiologie se situe entre spéculations philosophiques, voire ésotériques, observations empiriques, et approches scientifiques. Ainsi, conformément à la dominante de la philosophie antique, ces auteurs proposent une interprétation cyclique de la nature à imiter. L’intervention humaine, pourtant fondatrice de l’agriculture, est alors difficile à légitimer, au sein d’une approche d’abord inquiète des conséquences écologiques et sociales de l’agrochimie. Aujourd’hui la fondation biologique de l’agrobiologie pourrait être recentrée sur l’évolution et