UNE MORALE NUE
Le récit peut tout aussi bien « faire passer » une morale qu'en faire varier le sens de façon nullement négligeable
Les Fables sont prédestinées aux lecteurs avertis, or elles sont enseignées aux enfants
Jean de La Fontaine serait donc plutôt un moraliste ou bien un moralisateur ?
Pour comprendre au mieux les vers de notre sujet nous devons, dans un premier temps, étudier et tenter de justifier l’affirmation de Jean de La Fontaine « Une morale nue apporte de l’ennui ; / Le conte fait passer le précepte avec lui ».
Il paraît bien évident qu’une morale exprimée seule n’a absolument aucun intérêt pour le lecteur. Une morale servie comme telle, n’est autre qu’une « maxime », sans rien pour donner envie de la lire, d’ailleurs arrêtons-nous sur le terme de "maxime", il provient du latin maxima (sententia), littéralement la "sentence la plus grande, la plus générale", La Fontaine n’aurait été en rien innovant s’il s’était contenté de condamner les actes qu’il considérait comme mauvais sans donner plus d’explications, ou bien d’exposer des morales telles que « La raison du plus fort est toujours la meilleure » sans en expliciter toute l’ironie et les nuances qui les composent.
[...] Le récit peut tout aussi bien faire passer une morale qu’en faire varier le sens de façon nullement négligeable. Le lecteur n’est plus sensible à la morale de La Fontaine mais il se forge sa propre opinion, ce qui est très dangereux pour notre fabuliste. L’auteur est un si bon conteur qu’il rédige ses Fables avec une plume magnifique mais une telle finesse dans son écriture entraîne irrémédiablement une évasion pour le lecteur. Ce dernier n’a qu’à se laisser porter par le flot de mots et ne se préoccupe plus de la subtilité de la morale, il comprend la Fable au premier degré. [...]
[...] Une morale servie comme telle, n’est autre qu’une maxime sans rien pour donner envie de la lire, d’ailleurs