Une méditation sur la mort dans bel-ami
Face au cadavre de son ami, Duroy le matérialiste se laisse aller à une réflexion sur la mort. Tout commence par la contemplation obstinée du corps, donc par les détails physiologiques de la mort, par ce qu’elle a de tangible : "visage décharné" que la lumière rend encore plus "creux". A partir de cette constatation, c’est le souvenir des paroles de Norbert de Varenne, mondain vieillissant, qui l’entraîne sur le terrain glissant de la méditation.
Nous remarquons alors que ses pensées se résument à deux éléments : jamais un être ne revient, et le caractère éphémère de la vie. Toutes les énumérations auxquelles il se livre, redondantes, dans un phénomène de gradation croissante - par exemple "on naît, on grandit, on est heureux, on attend et puis on meurt" - sont à l’image de son angoisse. Il n’existe nulle solution face à la mort, et elle est d’autant plus terrible et inéluctable chez lui qu’elle est exempte de caractère mystique ou religieux. Elle est ce "néant illimité" que rien ne peut arrêter, elle est totale, universelle. De fait, nous assistons à un mouvement d’ouverture au fil du passage : nous passons du cadavre particulier de Forestier, à un " on " générique, puis aux "plantes", "bêtes", "hommes", "étoiles", "mondes" : la mort englobe tout ce qui existe - bêtes, plantes, planètes, hommes... Elle est surtout cette disparition concrète et matérielle de la matière organique : même lorsqu’il médite, Duroy ne peut s’empêcher d’être profondément matérialiste. La mort ne prend pas, chez lui, de dimension véritablement spirituelle.
II- La mort révélatrice
Tout d’abord, nous ne pouvons que constater l’angoisse terrible, et qui va croissant comme le rythme des phrases, de Duroy face au mort. En effet, le passage s’ouvre sur " inquiétait " puis nous trouvons " épouvantable " pour enfin arriver à "terreur confuse, immense, écrasante" : plus Duroy regarde ce cadavre, " obstinément ", dans une fascination morbide, plus il est