Une note sur la qualité d agir
SITUATION ET RÉFLEXIONS
Le thème du gouvernement d’entreprise se retrouve dans tous les débats de société contemporains liés à l’entreprise. Dès qu’un risque économique, social, financier ou politique se concrétise dans une entreprise, il témoignerait d’une défaillance dans sa gouvernance. La dégradation des résultats, les faillites, les licenciements, les grèves, les atteintes à l’environ-nement, les discriminations ne feraient que révéler les insuffisances de la gouvernance des entreprises impliquées. La justice a sensiblement contribué à cette évolution, dans la mesure où l’immunité relative accordée aux individus a tout naturellement conduit à une mise en cause croissante de la responsabilité de l’entreprise. La gouvernance de l’entreprise s’est ainsi trouvée progressivement investie d’une responsabilité élargie en termes d’obligations de résultats économiques, sociaux et financiers, avec une confusion de plus en plus nette entre « gouvernement d’entreprise » et « gestion des risques ».
Sommes-nous là devant une dérive excessive du concept de gouvernement d’entreprise ou s’agit-il d’une évolution de société incontournable ? D’emblée, on peut affirmer que tel n’était pas le sens original de ce concept. Celui-ci est apparu dans le courant des années 1970 lorsque l’on s’est rendu compte de la disparition des « capitaines d’industrie » au profit d’un nouveau type de dirigeants correspondant à la fameuse technostructure dénoncée par Galbraith (1). La séparation de la propriété et de la compétence avait été poussée jusqu’au point où les intérêts des propriétaires, actionnaires ou sociétaires (selon la nature de l’entreprise) étaient totalement marginalisés dans la gestion de l’entreprise. Les managers semblaient avoir définitivement capturé le pouvoir. Ils se concevaient en qualité de représentants, non plus des intérêts des propriétaires, mais de ceux de l’entreprise comme organisation sui generis. Dans cette perspective, l’objectif