Une petite boîte à rêves
Et maintenant, dans la cuisine, sur la table, elle était là, entre un café à moitié plein (elle n’avait jamais pu finir ses tasses et se demandait encore pourquoi le café était meilleur dans un mug plein qu’elle laissait ensuite traîner ) et un cendrier à moitié vide ( il faudrait bien qu’un de ces jours, elle arrête de fumer). La lumière du néon donnait un teint un peu irisé, presque lunaire, à sa peau d’acier. On aurait dit l’étincelle d’un orgue de barbarie, la minuscule descendante d’un piano et d’une horloge.
Elle savourait cet instant unique qui donne le plaisir maximum, avant, juste avant, de posséder vraiment l’objet de son désir. Elle prit donc lentement l’objet entre ses mains et donna un léger tour à la petite manivelle. Le chef d’orchestre invisible se mit à faire se rencontrer les toutes petites lames de métal sur les toutes petites boules grises. Et la mélodie retentit.
Là, dans cette cuisine, sur la chaise en bois, en face d’elle, le temps s’était assis et écoutait ce morceau de tendresse. Elle ne l’avait même pas remarqué tandis qu’il s’installait en rangeant dans son grand sac ses aiguilles et en en sortant quelques étoiles curieuses et mélomanes. Elle était absorbée par le concert, les musiciens cachés jouaient un