Une petite histoire de la guerre froide
Homino hominum lupus - l’homme est un loup à l’homme.
Ces mots du grand philosophe anglais Thomas Hobbes expriment un fait devenu évident à travers les siècles : l’histoire de l’humanité est essentiellement dominée par la guerre. Elle sert les acteurs de cette histoire comme moyen d’acquérir ou élargir leur pouvoir. Et depuis Clausewitz, on aime même à définir la guerre comme “la continuation de la politique par d’autres moyens”. Le vingtième n’y fait pas exception avec ses conflits sanglants, dont deux guerres mondiales et d’innombrables confrontations militaires. Mais le siècle dernier a vu également un conflit d’un type nouveau : la Guerre Froide. Elle se caractérise par l’absence d’une confrontation militaire directe et par le fait d’être remplacée par des guerres intermédiaires (wars by proxy) menées dans et par d’autres pays (en règle générale dans le tiers monde).
Le début de la guerre froide est habituellement située en 1947, l’année pendant laquelle les signes extérieurs d’un nouveau monde bipolaire deviennent évidents. Mais la confrontation entre les deux super-puissances (l’URSS et Etats Unis) et leurs alliés s’annonce dés la fin de la deuxième guerre mondiale, lorsque l’Europe, jusqu’alors principal acteur politique international, perd son statut et son influence mondiale. Les origines du conflit naissant peuvent donc être tracées jusqu’en 1945 lorsque Staline commence à s’emparer d’une grande partie de l’Europe centrale à l’occasion de la libération de cette dernière de l’occupation nazie. Dans ce contexte il convient de noter une certaine naïveté de la part des USA qui sous-estiment alors la volonté de domination de Staline - avec les conséquences connues. L’honneur revient à Winston Churchill d’avoir alerter en premier le monde du danger imminent lors de son discours historique en mars 1946 à Fulton (Missouri) en évoquant un “rideau de fer” qui se baissait sur l’Europe. L’année 1947