Une si longue lettre de mariama ba
Quoique Mariama Bâ se soit toujours défendue d'avoir écrit un texte autobiographique (d’ailleurs, leurs vies respectives diffèrent sur plusieurs points), il est indéniable que le discours de Ramatoulaye est teinté de références à la vie de Mariama Ba, surtout celle liée à son expérience personnelle d’ancienne de l'École normale d'institutrices de Rufisque en qui la « femme blanche » a laissé une empreinte indélébile, comme en tant d’autres pensionnaires.
On retrouve cette influence bienfaisante au chapitre sept du roman (Ramatoulaye, comme Mariama Ba, est marquée par elle : (« Aïssatou, je n'oublierai jamais la femme blanche qui, la première, a voulu pour nous un destin hors du commun. Notre école, revoyons-la ensemble, verte, rose, bleue, jaune, véritable arc-en-ciel ») et aussi dans la vie de romancière où, au travers de la correspondance des anciennes élèves de l’Ecole Normale de Rufisque, cette femme blanche porte le nom chaleureux de « maman Le Goff »
De son nom de jeune fille Germaine le Bihan, elle a été l'une des premières institutrices françaises laïques à s'intéresser à l'éducation des filles en Afrique occidentale. Ancienne d’une école normale sise en Bretagne, institutrice, elle est consciente de la nécessité de « former à long terme des jeunes filles "assez cultivées, maîtresses de maison indigènes parfaites" ».
L'École normale d'institutrices de l'A.O.F. est née, en 1938, de cette rencontre entre les ambitions de Germaine Le Goff et les objectifs politiques du Gouvernement général qui prend conscience, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, de l'importance de la formation des femmes dans la réussite de l'oeuvre de « civilisation » menée par la France en Afrique. Sa création est inscrite dans le programme général de réorganisation de l’enseignement qui prévoit également le transfert de l’Ecole normale William