Une chambre d’hôtelTHÉÂTRE 2005-2006Répartition des rôles et tâchesRÊVES, de Wajdi MouawadUne chambre d’hôtel. Vieille. Petite. Très simple. Papier peint jauni. Évier avec carrelage brisé en dessous. Taches sur les murs. Lit simple. Petite table. Chaise. Lampe de chevet. Calendrier de l’année passé. Une photo ancienne d’un corps de ballet. Couleurs défraîchies. Une fenêtre au fond. Décentrée. Un clocher au loin. Le soir tombe. La journée a été humide et grise. Voix de la femme emmuréeEst-ce …afficher plus de contenu…

La porte s’ouvre. Entre la Décharnée.La DécharnéeExcusez-moi de vous déranger ; mais je crois qu’on vient tout juste de m’inventer !IsadoraQui êtes-vous ?La DécharnéeJe ne suis pas tout à fait certaine de ce que je vais avancer, mais je suis Soumaya, une femme qui marche pour aller à la mer.L’ÉcrouléePardon ?IsadoraC’est elle, ton idée ?L’ÉcrouléeBon, écoutez, moi j’en ai assez qu’on se foute de ma gueule, je m’en vais !WilmaMais attends ! C’est toi qui m’as donné cette idée !L’ÉcrouléeMoi ?WilmaOui, toi !Voix de la femme emmuréeEst-ce que quelqu’un pourrait me dire qui je suis ?WilmaÉcoutez, c’est pas compliqué et c’est assez cohérent !L’ÉcrouléeCe qui est cohérent, c’est que je suis moi !Wilma… mais on est aussi deux, parfois ! Soumaya marche, elle a dit : « Je suis Soumaya l’écroulée. » Tu l’as dit ! Je l’ai écrit, je l’ai pas rêvé. L’ÉcrouléeEt alors ?WilmaAlors je pense …afficher plus de contenu…

Je veux juste aller aux chiottes ! Du calme !Wilma ouvre la porte, allume la lumière du couloir et sort. Il ne reste que les trois Soumaya qui se regardent.Entre l’Auricane. Les trois Soumaya la regardent.L’ÉCROULÉEEst-ce que vous nous voyez madame… ?L’AURICANEJe vous vois.LA DÉCHARNÉEÊtes-vous une Soumaya ?L’AURICANENon. Je suis l’Auricane, la grande Indienne qui arrêta Tupak Yupanki et le noya dans les eaux profondes de Bio Bio.L’ÉCROULÉEQue faites-vous ici ?L’AURICANEUn jour, un garçon de douze ans vint ici, dans cette chambre. Il s’assit à cette table et me fit venir au monde. Moi, l’Auricane. Il écrivit mon histoire. Puis, fier de lui, il courut la lire à sa mère. Il vivait dans cet hôtel et aimait écrire dans les chambres où il n’y avait pas de voyageurs. Les années ont passé depuis. Il a grandi, vieilli, mais toujours il écrivait mon histoire. Mais aujourd’hui, je suis inquiète. Très inquiet. Entre personnages, nous pouvons nous comprendre, n’est-ce pas,