Baudelaire, entre émotion romantique immédiate et formalisme parnassien distancié, invente la modernité, autrement dit une "solution", une "troisième voie"qui le met à l'abri des excès des deux mouvements. Ce recueil de poèmes est l'œuvre maîtresse de Baudelaire. Dans sa version la plus aboutie, il est composé de six parties : «!Spleen et Idéal!» (poèmes I à LXXXV), puis «!Tableaux parisiens!» (poèmes LXXXVI à CIII), «!le Vin!» (poèmes CIV à CVIII), «!Fleurs du mal!» (poèmes CIX à CXVII), «!Révolte!» (poèmes CXVIII à CXX) et «!la Mort!» (poèmes CXXI à CXXVI), qui font la synthèse entre le courant romantique (le lyrisme) et le formalisme (la recherche maîtrisée de la perfection formelle). Modernité des Fleurs du mal Le titre des Fleurs du mal pose d'emblée les marques d'une esthétique nouvelle, «!moderne!», où la beauté, le sublime (que désigne le terme de «!fleur!») peuvent, grâce au langage poétique, surgir des réalités triviales de la nature et de la chair (le «!mal!»). Avec cette matière en guise d'inspiration, alliée à un travail méticuleux sur le langage poétique (utilisation de formes traditionnelles comme le sonnet, et de vers classiques, comme l'alexandrin), Baudelaire révolutionnait l'univers esthétique en prenant non seulement le contrepied de la tradition selon laquelle l'œuvre d'art était d'autant plus admirable que le sujet en était noble, mais surtout en réalisant la synthèse entre deux choix esthétiques jusque-là inconciliables : le lyrisme romantique et le souci formel. Thématique des Fleurs du mal La partie «!Spleen et Idéal!» (titre qui prolonge l'ambivalence du titre générique) met en scène le «!spleen!», c'est-à-dire l'ennui (au sens d'angoisse métaphysique), dont souffre le poète, et son aspiration vers un «!idéal!», infini sublime où règne la plénitude de l'être. Spleen est un mot anglais qui désigne la rate : en effet, on croyait autrefois, selon la théorie des humeurs d'Hippocrate, que le sentiment de mélancolie était