Vaut-il mieux être un socrate insatisfait ou un pourceau satisfait ?
« Je suis extrêmement déçu par la piètre performance de mon intellect qui fut incapable de résoudre les problèmes diluviens que je lui ai aimablement fourni », pouvons-nous souvent entendre au sein de cordiales conversations. Cette insatisfaction, née de l’incapacité à résoudre un problème, vient cependant de la recherche d’une solution. Ainsi, le cheminement fut intellectuel et réfléchi pour aboutir à une impasse de la pensée. Même si la satisfaction de la résolution est absente, la satisfaction d’avoir tenté de résoudre le problème est bien présente. Présente dans quelle mesure alors ? Présente car la conscience prend alors sa place, conscience qui emplit le sujet de la certitude de sa capacité de penser et de réfléchir, et que l’absence de solution est peut-être une solution dans l’optique où l’aboutissement (qu’il soit concluant ou un échec) est une solution en lui-même. L’opinion commune pourrait cependant s’armer en vantant les mérites d’un épicurisme mal compris qui ne naitrait que dans la satisfaction des besoins primitifs, transformant alors l’être en objet dénué de pensée ou de conscience, le ravalant au rang d’animal. Les plaisirs de la chair ou ceux de l’argent ne vivent que dans l’instant éphémère, et ne sont à ce titre que des présents illusoires.
Le problème qui se pose alors est de savoir s’il vaut mieux vivre dans l’insatisfaction ponctuelle, sachant notre capacité à réfléchir, de rester dans le doute, nous promet à de plus grands desseins, ou vivre sa vie terrestre en animal sauvage, satisfait de ses simples besoins matériels.
Nous verrons dans un premier temps pourquoi la satisfaction matérielle est un miroir des préoccupations animales, puis nous démontrerons que l’insatisfaction intellectuelle est l’aboutissement d’une réflexion typiquement humaine. Enfin, nous élargirons notre problème à l’acquisition du bonheur et à l’échelle des plaisirs.
I/ La satisfaction