Vendredi ou les limbes du pacifique
Michel Tournier
Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, écrit en 1967, est une réécriture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe qui lui a été écrit en 1719, soit un siècle et demi plus tôt. Ils décrivent la solitude totale sur une île expérimentée par un Occidental, mais plus tard survient un « sauvage » : Vendredi. Or la relation des deux Robinson avec ce dernier évolue de manière très différente, bien qu’à son arrivée, ils se pensent tous deux supérieurs et héritiers d’une civilisation détenant la vérité. De fait, Tournier explique que « l’idée que Robinson eût quelque chose à apprendre de Vendredi ne pouvait effleurer personne avant l’ère de l’ethnographie » —l’ethnographie étant l’étude des différents peuples —et que « pour Daniel Defoe [...Vendredi était] une bête [...] qui attend[ait] de recevoir son humanité de [...] l’homme occidental, seule détenteur de tout savoir» ainsi cet autre Robinson, s’il tente d’éduquer Vendredi, échoue, et le contraire se déroule : Vendredi se fait, selon les termes même de Tournier, « à la fois guide et accoucheur à l’homme nouveau ». Jusqu’au XVIIIème siècle, siècle des lumières et période où les voyages devenaient plus communs entre l’ancien et le nouveau monde, on croyait communément que les non Européens n’étaient pas des hommes. Après seulement les intellectuels et les voyageurs commencent à remettre en question le présupposé d’une supériorité Européenne.
Qu’est-ce que l’étude des cultures dîtes sous ou non civilisées a apporté au monde occidental ? Nous verrons d’abord comment la société européenne est remise en question grâce aux études des autres sociétés, et ensuite nous nous demanderons qu’est-ce qu’un « sauvage » peut apporter à cette dernière.
Dès le seizième siècle, des voyageurs commencent à rapporter des récits de voyage. Parfois l’observation et l’étude des autres cultures poussent ces voyageurs à comparer avec leur propre société, et donc la critiquer.