Verlaine
Ce poème composé de six quatrains en octosyllabes est tout simplement une déclaration d'amour dans laquelle le poète dit à la personne qu'il aime toute l'importance qu'elle représente à ses yeux. L'ensemble est à première vue assez conventionnel, mais une lecture attentive montre que ce texte va bien au-delà d'un simple jeu avec les conventions.
Dans une première lecture, ce poème peut apparaître comme une déclaration d'amour assez conventionnelle, comme pouvaient le faire les personnages des Fêtes galantes. L'amoureux, thème cher à Pétrarque, est un prisonnier enlacé à la belle qu'il aime. Verlaine reprend, pour affirmer sa dépendance à sa bien-aimée l'adjectif "enlacée ", attachée avec un lac, c'est-à-dire avec un lien. Ce thème du lien est ensuite explicité dans les strophes 3 et 4. A la façon de Pétrarque ou de ses disciples, l'amoureux se présente comme l'esclave de sa passion pour une belle, comme un esclave suspendu à ses lèvres , à un mot, un sourire, une parole, un regard, un clin d'œil, un geste.
Le thème a déjà été plusieurs fois traité par Verlaine, souvent avec une pointe d'humour. Verlaine est un sensuel mais il est et le reconnaît assez laid. Certains éléments correspondent à une tendance à diviniser la femme : les expressions " radieuse pensée ", " ravie " au sens fort de ce terme, font allusion à quelque chose qui dépasse les contingences terrestres, " De son illusion céleste ". L'expression " bonheur suprême " est de la même veine assez conventionnel. Même le basculement brutal au dernier vers du " vous " au " tu " a déjà été maintes fois utilisé, comme il le sera d'ailleurs par la suite, chez Mallarmé par exemple. On serait tenté au terme de cette première lecture de parler de mièvrerie ou de fustiger le recours aux conventions, recours, sans doute distancié mais qui n'empêche pas l'expression d'un sentiment sincère. Au travers d'anciens canevas, il est toujours possible d'exprimer des sentiments vrais.
Une seconde