Victime
Ma Liberté est arrimée au carénage du négrier.
Désespérée et enchaînée elle pourrit en mer agitée,
Elle est la force des terres lointaines, inconnues et nauséabondes
Sols à venir, marché de haine d'échange et de douleur profondes
Quels souvenirs? Une terre martyre, une femme, un gamin en pleur?
Son pire ennemi que l'on regrette, en face une inconnue terreur?
Un nouvel ennemi que l'on guette, face à une prévisible erreur....
Notre monde ancien qui s'inquiète pour un autre "Au vent" du malheur...
Nègre! tu as tout supporté, houles, marées et vents de tempête. sans l'vouloir tu as navigué sous les fouets et les corps en miettes.
Le tien, c'est un tas de lambeaux de souvenir reconstitués,
Mosaïque sanglante de fardeaux de soupirs, de plaies mal soignées.
Nègre moderne sans mélanine, ne te gausses pas de mon passé, ouvre tes sens à ta routine et tu verras qu'on t'a trompé.
De promesses de vie épanouie, d'un monde parfaitement évolué
On t'a fait miroiter le fruit d'une ronde pomme parfumée
A consommer au détriment de ton bien-être et ta santé,
A distribuer aux quatre vents, Lumière de l'Aire des insensés.
Ne te réjouis ni ne t'en veux le vieux nègre n'a plus de couleur
Car partout il a essaimé en maître absolu, en meneur.
Barreur d'un monde à la dérive, volontaire pour les champs d'écueils
Il est la main qui dégoupille le raccourci vers le cercueil.
Homme as tu foi dans le sextant du capitaine qui te dirige?
Qui fait la loi en faux-semblant alors que ton esprit se fige.
Je me tais, je ne parle plus, petit nègre sans grand argument,
Je voulais juste pouvoir remettre les choses à leur place comme avant
Mais las! Je ne parlerai plus, je laisse faire, en m'accablant
De voir partir et disparaître les valeurs de peuples