Victor hugo le rhin
Texte étudié:
Voici ce que j'avais devant moi.
A mes pieds, le Rhin courant et se hâtant dans les broussailles avec un murmure rauque et furieux, comme s'il échappait d'un mauvais pas ; à droite et à gauche, des montagnes ou plutôt de grosses masses d' obscurité perdant leur sommet dans les nuées d' un ciel sombre piqué çà et là de quelques étoiles ; au fond, pour horizon, un immense rideau d' ombre ; au milieu du fleuve, au loin, debout dans une eau plate, huileuse et comme morte, une grande tour noire, d'une forme horrible, du faîte de laquelle sortait, en s'agitant avec des balancements étranges, je ne sais quelle nébulosité rougeâtre.
Cette clarté, qui ressemblait à la réverbération de quelque soupirail embrasé ou à la vapeur d'une fournaise, jetait sur les montagnes un rayonnement pâle et blafard, faisait saillir à mi-côte sur la rive droite une ruine lugubre, semblable à la larve d' un édifice, et se reflétait jusqu' à moi dans le miroitement fantastique de l'eau. Figurez-vous, si vous pouvez, ce paysage sinistre vaguement dessiné par des lueurs et des ténèbres. Du reste, pas un bruit humain dans cette solitude, pas un cri d' oiseau ; un silence glacial et morne, troublé seulement par la plainte irritée et monotone du Rhin. J'avais sous les yeux la Maüsethurm. Je ne me l'étais pas imaginée plus effrayante. Tout y était : la nuit, les nuées, les montagnes, les roseaux frissonnants, le bruit du fleuve plein d' une secrète horreur, comme si l' on entendait le sifflement des hydres cachées sous l' eau, les souffles tristes et faibles du vent, l'ombre, l'abandon, l'isolement, et jusqu' à la vapeur de fournaise sur la tour, jusqu' à l' âme de Hatto !
Je tenais donc mon rêve, et il restait rêve.
Plan proposé:
I) Le journal de voyage
II) Un pays mythique
III) Rêve et réalité