Victor hugo
Le texte III du livre II des Châtiments, intitulé «Souvenir de la nuit du 4», relate un épisode qui toucha particulièrement Hugo. Il participa en effet à la toilette funèbre de l'enfant tué rue Tiquetonne.
Le «nous» utilisé dans le texte est réellement autobiographique. Cette émotion se révèle dans tout le texte, qui mêle au récit simple et poignant la description d'un intérieur humble et les paroles douloureuses et naïves de la grand-mère. L'alternance de ces trois modalités, génératrice d'émotion (chez le narrateur et chez le lecteur) permet aussi l'expression d'une dénonciation sévère. Celle-ci ne passe pas par la violence des termes, mais par les constatations, et les interrogations pathétiques d'une vieille femme qui ne comprend pas. La réponse, donnée à la fin du texte, est une critique acerbe et ironique du régime et surtout du monarque. La juxtaposition des deux tableaux : l'intérieur pauvre et l'enfant mort d'une part, le luxe et l'immoralité de la cour de l'autre, met en évidence une disparité inacceptable et conduit à la logique de la conclusion.
L'étude du texte pourra mettre en relief, sous forme de plan, la succession des modalités d'expression.
L'analyse de l'émotion et du pathétique conduira à l'étude de la dénonciation ironique.
I. L'ORGANISATION DU TEXTE ET LES DIFFÉRENTES MODALITÉS D'EXPRESSiON
a) Le récit (v. 1-25)
Il se découpe en courts passages de modalités et de contenus diHérents.
Présentation concise de la situation de lenfant (v. 1).
Présentation du contexte (v. 2-3) : on note l'importance des éléments visuels, et le glissement vers le jugement moral (« honnêtes » (v. 2)).
Les personnages présents (v. 3-4) : la grand-mère, le narrateur et ses amis (« nous » (v. 5)).
L'enfant (v. 4-11) : une longue description insiste sur son apparence, sur ses blessures. L'allusion au jouet ajoute un détail simple et inattendu (v. 8).
La grand-mère (v. 12-15) : la présentation de ses gestes s'intègre au récit,