Vie de soldats dans les tranchées à verdun
Et ici, la tranchée est toute foudroyée. Avec ses murs blancs écroulés, elle semble en cet endroit l’empreinte vaseuse, amollie d’un fleuve anéanti dans ses berges pierreuses, avec, par places, le trou plat et arrondi d’un étang tari aussi…
Henri Barbusse, Le Feu, Flammarion, édition 1957, p. 323
Le risque permanent, la peur, la boue, les morts, les rats, les poux, l’absence de sommeil, la soif constituent les dimensions du récit des anciens combattants lorsqu’ils décrivent leur vie dans les tranchées dès l’immédiat après-guerre. Ce système de représentation est aujourd’hui très présent dans un certain nombre d’œuvres de fiction (cinéma et bande dessinée), notamment chez le dessinateur Jacques Tardi (C’était la guerre des tranchées, 1993), pour ne donner qu’un exemple. Si les composants des conditions de vie dans les tranchées sont bien ceux que nous avons indiqués, il convient de les remettre en perspective et d’en préciser la réalité. La Grande Guerre n’est pas faite que de combats permanents. La quotidienneté des soldats n’est pas faite que des seuls « coups durs ». C’est en cela d’ailleurs que la bataille de Verdun introduit une nouveauté exceptionnelle : le fait que les combats permanents durent quasiment un an et demi, jusqu’à l’automne 1917. Dans les autres secteurs du front, des « poches de respiration » aident les combattants à échapper un peu à la hantise de la mort.
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Seules les unités d’infanterie montent aux tranchées, avec les artilleurs de « crapouillots », avec des éléments du génie et quelques observateurs d’artillerie. Des officiers d’état-major y passent lors de brèves tournées. Or, les unités d’infanterie représentent 67 % de l’armée française en 1914, mais seulement 45 % en 1918. Tous les soldats n’ont donc pas connu le monde de la tranchée. Par ailleurs, les scansions de la guerre existent et viennent préserver des secteurs calmes ; au moins pour quelque temps. Un