Villiers, commentaire composé : l'intersigne

6643 mots 27 pages
Commentaire composé, Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, L'Intersigne.

passage étudié :

Je m’attendais à dormir vite et profondément. J’avais fondé de grandes espérances sur une bonne nuit. Mais, au bout de dix minutes, je dus reconnaître que cette gêne nerveuse ne se décidait pas à s’engourdir. J’entendais des tics-tacs, des craquements brefs du bois et des murs. Sans doute des horloges-de-mort. Chacun des bruits imperceptibles de la nuit se répondait, en tout mon être, par un coup électrique.

Les branches noires se heurtaient dans le vent, au jardin. À chaque instant, des brins de lierre frappaient ma vitre. J’avais, surtout, le sens de l’ouïe d’une acuité pareille à celle des gens qui meurent de faim.

– J’ai pris deux tasses de café, pensai-je ; c’est cela !

Et, m’accoudant sur l’oreiller, je me mis à regarder, obstinément, la lumière de la bougie, sur la table, auprès de moi. Je la regardai avec fixité, entre les cils, avec cette attention intense que donne au regard l’absolue distraction de la pensée.

Un petit bénitier, en porcelaine coloriée, avec sa branche de buis, était suspendu auprès de mon chevet. Je mouillai, tout à coup, mes paupières avec de l’eau bénite, pour les rafraîchir, puis j’éteignis la bougie et je fermai les yeux. Le sommeil s’approchait : la fièvre s’apaisait.

J’allais m’endormir.

Trois petits coups secs, impératifs, furent frappés à ma porte.

– Hein ? me dis-je, en sursaut.

Alors je m’aperçus que mon premier somme avait déjà commencé. J’ignorais où j’étais. Je me croyais à Paris. Certains repos donnent ces sortes d’oublis risibles. Ayant même, presque aussitôt, perdu de vue la cause principale de mon réveil, je m’étirai voluptueusement, dans une complète inconscience de la situation.

– À propos, me dis-je tout à coup : mais on a frappé ? – Quelle visite peut bien ?...

À ce point de ma phrase, une notion confuse et obscure que je n’étais plus à Paris, mais dans un presbytère de Bretagne, chez l’abbé

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