Violence urbaine
27/02/07
14:49
Page 31
Derrière la peur de la violence des jeunes, quelques problèmes de la société française actuelle
Les sidérantes gesticulations des hommes politiques dans les commissariats de police, relayées de façon remarquable par la télévision, confirment, si besoin était,qu’il n’est pas question pour le gouvernement de se mettre au travail, mais bien de donner l’illusion de gérer l’insécurité. Le mot est lâché : « l’insécurité » est identifiée comme le fléau,et l’insécurité c’est, bien sûr, la violence des jeunes. Les causes profondes de la délinquance juvénile sont passées sous silence alors que les symptômes de ces dysfonctionnements sont traités par une aggravation de la répression. Laurent Mucchielli, sociologue, auteur de Violences et insécurité. Fantasmes et réalités dans le débat français, nous apporte un éclairage édifiant sur les délinquances et l’état des recherches dans ce domaine.
Revenu au premier plan de l’actualité politico-médiatique, le débat sur « l’insécurité » est d’un niveau dramatiquement faible et ce décalage n’est pas pour rien dans les résultats des récentes élections présidentielles. Lorsque l’on focalise l’attention sur des faits présentés comme des « menaces », sans en donner véritablement les clés d’analyse, on ne peut qu’exacerber les peurs,laisser les gens désempa-
rés et faciliter le travail de ceux dont la peur est le fond de commerce électoral. La question que doivent donc se poser ceux qui ont aujourd’hui des questions voire des regrets n’est pas seulement : « en avons-nous trop parlé ? », mais autant sinon plus : « Comment en avons-nous parlé ? Avons-nous permis de comprendre ? Avons-nous aidé à trouver des solutions ? ». La réponse est fondamentalement négative.
La vulgate sécuritaire et la construction du bouc émissaire jeune émigré Au fil des ans,la rhétorique électorale des hommes politiques a enfermé le débat dans des slogans et dans des choix manichéens (à commencer par le fait