Vivre ou ne pas vivre ?
Vivre ou ne pas vivre ?
Ce soir-là, venait se fracasser contre les vitres et sur les toits des maisons une violente pluie ; un sentiment d’impuissance face à la nature m’envahit. Ce soir-là, je devais me rendre à la demeure d’un ami, non loin de ma maison. Mes parents absents, je fis ce que l’on peut qualifier de « bêtise de ma vie » : je mis en marche la voiture de mon père dans le but de me rendre au lieu convenu de manière certes plus confortable, mais beaucoup plus périlleuse. Un puissant sentiment d’excitation l’emporta sur ma raison. En chemin, à cause de la pluie qui venait, tel un essaim d’abeilles, se briser sur mon parebrise, je sortis de la route, percutai un rocher puis, d’un seul coup, me trouvai dans un noir total. La tiédeur de mon sang s’écoulant sur mon visage fit naître en moi cette sensation plutôt désagréable que la vie était en train de quitter mon enveloppe corporelle.
L’angoisse fut à ce moment-là le sentiment le plus fort. Toute ma vie défila devant moi ; je me dis que je n’avais pas assez vécu pour partir ainsi. Je me mis à regretter certains actes répréhensibles de ma vie et j’étais triste de ne pas pouvoir continuer à jouir de tous les heureux moments avec mes proches. Mais le principal regret était de ne pas pouvoir choisir de rester dans ce monde. Cette angoisse disparut bien vite quand je me dis : « A quoi bon ces tristes pensées, si tu n’as de toute façon pas le choix ! » J’élaborai alors celle qui fut la plus grande et peut-être la dernière réflexion de ma vie : dans cette mort, je pourrai trouver la joie de ne plus souffrir mais aussi la curiosité de connaître le plus grand mystère qui soit : j’allais savoir ce qui se passe après la mort. J’avais l’espoir de connaître Dieu dont j’avais mis en doute l’existence.
La vie m’échappe, mais j’arrive encore à entendre, au loin, les sirènes des ambulances qui s’approchent. Dois-je continuer à espérer,