Un adage nous dit que pour vivre heureux il faut vivre caché, à l'abri du regard des autres, supposant ainsi qu'une trop grande visibilité, que la soumission au regard des autres suscite l'envie, la jalousie, la rivalité et porte atteinte à notre bonheur. Mais vivre caché ne veut pas exactement dire vivre sans les autres. L’adage affirme ici la nécessité de se protéger du regard des autres mais n’affirme pas la nécessité de la solitude pour vivre heureux. Toutefois, les autres ne sont-ils pas toujours ceux qui nous regardent, qui nous jugent ? Sartre, dans le Huis clos disait ainsi : « l’enfer c’est les autres », soulignant comment les autres semblent être des obstacles à une vie paisible et heureuse. Faut-il alors penser qu’il faut vivre sans les autres pour être heureux ? Mais peut-on être heureux sans les autres ? Les autres ne sont-ils pas ceux avec qui un échange et un partage sont possibles ? Cet échange et ce partage ne sont-ils pas des conditions du bonheur ? le bonheur est-il possible dans la solitude ? Une fois le problème formulé, vous pouvez revenir à cette opposition traditionnelle qu’on formule entre les turpitudes de la vie sociale et le bonheur dans le calme du retrait. La vie en commun avec les autres exige de nous des compromis, une limitation de nos désirs, une prise en compte de ceux des autres qui apparaissent souvent comme une contrainte. C’est en ce sens que Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes nous montre en quoi la naissance de la société civile va être synonyme de luttes de rivalités et de guerres ( « le premier homme qui… ». Vous trouverez un commentaire de cette citation plus bas). De même Sartre nous dit que l’enfer c’est les autres ou encore que « Ma chute originelle c’est l’autre ». En parlant de chute originelle, il fait une référence explicite ici au moment où Adam et Eve sont chassés du Jardin de l’Eden parce qu’ils ont désobéi à Dieu. Etre chassé du jardin de l’Eden c’est alors