Voir pour croire ?
Par peur d’être trompé, ou de se tromper, il peut nous arriver d’adopter l’attitude de Saint Thomas, l’apôtre qui ne voulait croire en la résurrection du Christ que lorsqu’il aurait vu et touché lui-même ses plaies. La vision, la perception sensible en général, ne nous met-elle pas devant la réalité elle-même, telle qu’elle est ? S’il faut se méfier de ce qui nous vient d’autrui, ou de ce que notre imagination peut fabriquer, la perception semble être une source de connaissance fiable, et peut-être devrions-nous donc ne nous appuyer que sur elle, afin d’éviter tout risque d’erreur. Peut-être ne faudrait-il croire que ce que l’on voit. Mais deux problèmes, étroitement liés, se posent alors. N’avons-nous pas besoin de croire en des affirmations qui ne sont pas issues de notre propre expérience perceptive ? Et cette perception est-elle au-dessus de toute critique ? Autrement dit : l’expérience sensible est-elle la seule source de connaissance que nous pouvons admettre comme véritable ? Pour le savoir, nous devons d’abord analyser les différentes formes de croyance puis déterminer celles qui sont considérées comme des connaissances. Nous devrons ensuite savoir d’où nous viennent nos connaissances, puis examiner si la perception est vraiment fiable, si elle est bien la seule à nous donner des connaissances indubitables, et si nous pouvons nous en contenter. Si tel est le cas, alors nous pourrons en conclure qu’en effet il vaudrait mieux ne croire que ce que l’on voit. Mais si nous constatons que la perception ne nous donne pas forcément la vérité, ou si elle n’est pas la seule à nous la donner, et si nous avons besoin de recourir à des croyances qui ne reposent pas sur elle, alors nous pouvons légitimement croire, du moins en partie, en ce qui n’est pas perçu.
Commençons par nous arrêter sur cette notion de croyance. Qu’est-ce que croire ? Croire c’est tenir une proposition pour vraie. Mais il y a plusieurs manières de