Voltaire, correspondance, fin de la lettre à damilaville (1er mars 1765)
Tirée de sa Correspondance, une lettre de Voltaire adressée à un ami nous présente sa conception du rôle du philosophe et dérive vers l’éloge. Mais lettre adressée, elle use aussi de formes personnelles. Comment, dès lors, va-t-elle concilier les deux ? Et qu’est-ce qui va, peut-être, modifier sa portée ?
I) Une lettre de conviction
Dans cette lettre, Voltaire se livre à un éloge du philosophe. Mais son argumentation est dans un premier temps biaisée.
a) L’éloge de l’homme
Pour définir l’action du philosophe, il se présente d’abord en tant qu’homme. Il débute ainsi son éloge par sa présentation personnelle, se distinguant comme un homme particulier, attentif à respecter certains codes « J’ai passé ma vie à chercher, à publier cette vérité que j’aime. ». Le rythme binaire balance les deux verbes d’action « chercher », « publier » pour accéder au terme porteur de la phrase « vérité ». Son action se singularise donc par cette recherche qui est pourtant du domaine de la sensibilité également « aime ». Il apparaît ainsi comme un homme de réflexion qui mêle aussi les sentiments. Ou se présente comme un homme dont les qualités intrinsèques le font apparaître comme un philosophe remarquable.
Il se distingue également des autres professions intellectuelles, notamment les historiens puisqu’il se rapproche d’eux « Quel autre des historiens modernes ». En se délivrant la possibilité d’être supérieur à, il amoindrit les qualités des autres mais rehausse les siennes. Notons que l’adjectif qualificatif renforce aussi sa crédibilité. Il est en effet tourné vers le passé puisqu’« historien », mais également attentif au présent, puisque « moderne ». Son action en elle-même est cependant détaillée, par la « mémoire » qu’il prend à cœur de « défendre », par ses écrits dont la portée est soulignée par le choix des termes « impostures atroces ». Le rapprochement des deux mots frôle l’exagération et indique un combat d’importance s’opposant à une vague formule « je ne