Voltaire et le classicisme
DÉVELOPPEMENT DE LA DISSERTATION
Formé par les Jésuites dans l'admiration exclusive des Anciens et des Classiques, Voltaire se complaisait comme critique à prononcer des exclusives : « ne lire que les ouvrages, il y en a peu ». Impossible d'imaginer un temple plus fermé que son Temple du goût : quelques tragédies de Racine, quelques épîtres de Boileau, quelques oraisons funèbres de Bossuet (et encore, à condition d'en supprimer les familiarités !), voilà - ou presque - toutes les divinités qui l'habitent. En fait, l'esthétique qu'il adoptait, celle du classicisme mais purifiée à l'extrême, constitue la raison profonde du conseil qu'il donne.
Suivant cette conception, le chef-d'œuvre est quasi éternel ou plus précisément il échappe au temps, et l'œuvre qui paraît n'est tout au plus qu’une candidate à cette durée qui sera sa véritable consécration : quelque accueil qu’ait reçu Phèdre, voilà qui, aux yeux de Racine, ne décide en rien de la valeur de cette tragédie : « Je laisse, déclare-t-il, et aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix. » En d'autres termes, la réputation vraie ne saurait être le pur produit de la nouveauté, même acclamée, même si elle répond aux besoins d'un moment. Il faut attendre pour repérer l'accès à un Parnasse qui met sur le même plan, et sans tenir compte des époques, l'Iliade, l'Énéide, Andromaque et (Voltaire l'espérait du moins !) son apogée néoclassique sur la Ligue intitulée La Henriade.
C'est ce qui explique qu'un ouvrage doive être depuis longtemps en possession des