Voltaire
Les personnages « prince », « comte » ou leur famille, leur « maison » sont annoncés par l’article indéfini « un », tout comme le lieu, « province », notons également que "les autres princes […] couvrent une petite étendue de pays" : là encore l’anecdote se situe dans un espace indéterminé qui apparente le texte au registre du merveilleux. Les indications de temps sont aussi peu précises : « il y a trois ou quatre cents ans » nous renvoie dans un passé éloigné et approximatif. Rien ne permet de dater précisément les événements : cela apparente encore une fois le texte au registre du merveilleux.
Mais l’indétermination a surtout pour fonction de montrer les prétentions injustifiées et ridicules du prince. Le prince justifie ses droits par un lignage à plusieurs étages « en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie ». L’accumulation est ridicule. Les droits sur l’héritage sont inconsistants. C’est pourtant sur cette absence de preuve que le prince revendique le bien. Notons les deux points qui marquent une déduction absurde et provocatrice : « le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin ». Enfin les habitants ne veulent pas de ce souverain qu’ils ne connaissent pas. Pourtant le prince n’entend pas