Voyage au bout de la nuit
Dossier N°09 réservé aux souscripteurs
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Voyage au bout de la nuit
(intérêt de l'action)
pagination du livre de poche
Analyse sur Intérêt de l'action
Originalité : La parution, en 1932, de ‘’Voyage au bout de la nuit’’, publié par un médecin de banlieue pauvre, qui s’habillait chez les fripiers, fut « le plus saisissant coup de théâtre littéraire de l'entre-deux-guerres », fut considérée comme un phénomène sans rapport avec aucun livre antérieur, violant délibérément les règles du jeu littéraire, en provoquant un véritable chaos dans les opinions : il fut qualifié par les uns d'ordure, par les autres de chef-d'œuvre, par les uns de bouffonnerie, par les autres de sombre tragédie, partageant la droite comme la gauche. Mais, pour le lecteur d'aujourd'hui, il a beaucoup perdu de sa force scandaleuse, il a vieilli comme tous les chefs-d'œuvre, et il peut s'imposer comme un classique, on peut même le rattacher à une tradition.
A l'époque, il a semblé appartenir à la littérature populiste et Céline a aussi prétendu avoir voulu profiter de son succès (comme celui de ‘’Hôtel du Nord’’ d’Eugène Dabit). Le populisme continuait le naturalisme et on a tenté de rapprocher de Zola un Céline qui a, d'ailleurs, en 1934, prononcé un éloge de l'auteur des ‘’Rougon-Macquart’’. Mais, si Zola juge le fait social sévèrement et avec un sérieux imperturbable et candide, il l'accepte, tandis que Céline le rejette avec véhémence et avec une gaieté sarcastique que fausse une secrète amertume. Et il n'a pas pour le peuple l'attention bienveillante et la perspective politique souvent socialiste des auteurs populistes. D'autre part, les naturalistes et les populistes cherchaient à donner au lecteur l'illusion la plus parfaite de la vie par fidélité à l'expérience la plus largement partagée, tandis que Céline veut surtout doter la littérature française de ce qui lui manque : le comique