voyage au bout de la nuit
Dans un roman où le héros navigue dans la nuit, l’humour peut paraître un thème absurde à développer. Pourtant, à la lecture de ce roman, malgré les horreurs racontées, on arrive à rire. Ce rire peut susciter des interrogations : comment Céline arrive-t-il à nous faire rire devant des scènes sombres ? C’est un rire, certes, mais quel genre de rire est-ce exactement ? Peut-on qualifier ce récit de drôle ? Et, tout d’abord, de quoi rit-on exactement ?
Essayons donc de répondre à ces questions pour ainsi découvrir l’origine de ce rire étrange.
Le rire est généralement provoqué par un événement comique ou une blague. Les déclencheurs du rire font souvent parti de thèmes à caractère léger. Le Voyage au bout de la nuit est le contraire de cela : le mal et l’horreur y sont presque toujours présents ; pourtant Céline parvient à nous faire rire grâce à quatre moyens différents.
Le premier et le plus facile à repérer se trouve tout au long du texte. Il s’agit de remarques, cyniques la plupart du temps, que le narrateur et héros de l’histoire glisse çà et là au long du récit. Bardamu nous dit ce qu’il pense, et ce qu’il pense est généralement une vérité sèche, tournée dans une phrase amusante, malgré le contenu parfois affreux de la constatation.
Le deuxième moyen utilisé est le rabaissement. Il s’agit en fait de ridiculiser, rabaisser un personnage, une action ou une idée. Le sérieux d’un personnage est diminué par une ou plusieurs insertions d’expressions d’un niveau de langage bas. Les remarques de Bardamu sont aussi utilisées à cette fin : une action héroïque est tout de suite commentée d’une manière absurde et la ridiculise donc.
Le troisième moyen est assez proche du rabaissement ; il s’agit d’effets de contraste. Cela se manifeste souvent par des associations étranges et des mélanges d’échelle de valeurs. Ces mélanges, par leur contraste, donnent un effet comique dans une description ou un discours.