Voyage et litterature
Il faut noter tout d'abord que l'équivalent d'un Hérodote, d'un Pausanias ou d'un Strabon ne se retrouve pas chez les Latins. Encore une fois, on constate que le Romain est plus casanier que le Grec. Un historien comme Quinte-Curce, par exemple, entreprenant de parler des conquêtes d'Alexandre, n'a même pas envisagé de suivre les traces de son héros : il se contente de s'inspirer de son prédécesseur grec Arrien. Varron ou Cicéron se sont rendus à Athènes pour un voyage d'études, certes, mais ils ne conçoivent guère le voyage que lors d'une mission officielle ou pour des activités personnelles, comme l'enquête que Cicéron a menée en Sicile en préliminaires du procès de Verrès.
Le plus ancien témoignage littéraire sur le voyage qui nous soit parvenu est une satire de Lucilius (1er siècle avant J.-C.) évoquant les conditions matérielles d'un voyage en Sicile (longueur des étapes, comparaison entre les avantages et les inconvénients des voies terrestre ou maritime) ; mais on n'y trouve aucune observation artistique sur les trésors grecs de l'île... Les Ménippées de Varron présentent les mêmes caractères. César, qui parcourt, lors de ses expéditions militaires, la Gaule et la Grande-Bretagne, s'intéresse davantage aux sociétés qu'il rencontre et aux moeurs des habitants (César, de Bello gallico); mais et ceci est conforme au caractère apologétique des Commentaires c'est surtout pour comparer ces moeurs à celles des Romains et valoriser ces dernières.
Avec la Pax romana et la securitas retrouvée sur terre et sur mer (extinction des pirates), une exploration systématique du monde est entreprise. On voit naître une science géographique avec Pomponius Mela (qui vécut au temps de l'empereur Claude). En fait, cet auteur s'intéresse surtout aux régions mystérieuses et inconnues, comme l'Égypte, et aux coutumes qui lui sont étrangères et il ne décrit pas vraiment le terrain. La curiosité de Pline l'Ancien, elle, est universelle et, dans les