Ferdinand Bardamu a fait quelques mois de guerre (1914), puis séjourné dans un hôpital militaire.

Les huiles 1 ont fini par me laisser tomber et j'ai pu sauver mes tripes, mais j'étais marqué à la tête et pour toujours. Rien à dire. « Va-t'en !... qu'ils m'ont fait. T'es plus bon à rien !... »

« En Afrique ! que j'ai dit moi. Plus ça sera loin, mieux ça vaudra ! » C'était un bateau comme les autres de la Compagnie des Corsaires2 Réunis qui m'a embarqué. Il s'en allait vers les tropiques, avec son fret de cotonnades, d'officiers et de fonctionnaires. »

Louis-Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit , 1932.

1- Les huiles : personnages importants, autorités ― 2- Corsaires : aventuriers, contrebandiers, pirates Le texte à l’étude est extrait du roman de …afficher plus de contenu…

Le narrateur, Ferdinand Bardamu, dont on remarquera la coïncidence partielle avec le prénom de l’auteur comme indice possible d'une inspiration autobiographique, a participé à la première guerre mondiale mais blessé dès 1914, il se retrouve dans un hôpital militaire. Quatorze ans après la fin du conflit, la France porte encore les stigmates de la Grande guerre et le roman de Céline va susciter un véritable scandale tant Ferdinand Bardamu est éloigné de l’image populaire du héros brave et valeureux qui a combattu pour sa patrie.

En effet, ce court extrait est particulièrement provocateur dans la mesure où le