Vérité
Qu’est-ce que la vérité ? Y a-t-il une unique vérité, ou est-ce « à chacun la sienne » ? S’il y a une unique vérité, nous est-elle accessible ou sommes nous enfermés dans notre perspective particulière d’êtres humains à l’esprit limité ?
C’est à ces questions que nous allons maintenant essayer de répondre.
I. La vérité comme propriété d’une proposition
A. La vérité-correspondance
1. Exposition
Qu’est-ce que la vérité ? Partons d’un exemple tout simple. « Le ciel est bleu. » Cette phrase est vraie. Elle est vraie, parce qu’elle correspond au monde, comme nous pouvons le vérifier en levant les yeux. La vérité serait donc une propriété du discours qui dépend de son rapport au monde. Une proposition serait vraie si elle correspond au monde. Cette « vérité-correspondance » est l’idée la plus simple de vérité.
2. Difficulté
On peut critiquer cette notion de vérité en disant qu’il nous est impossible de comparer nos idées au monde. Comme nous l’avons vu, nous sommes enfermés dans un monde d’apparences, et nous ne pouvons pas déchirer la toile des sensations pour accéder à la « chose en soi » qui se cache derrière elles. Par conséquent, comment pouvons-nous savoir que nos sensations correspondent bien au monde ? Il faudrait donc admettre que la vérité-correspondance est impossible, et que nous ne pouvons définir la vérité que par la cohérence interne de nos représentations.
Une perfection majeure de la connaissance et même la condition essentielle et inséparable de toute sa perfection, c’est la vérité. La vérité, dit-on, consiste dans l’accord de la connaissance avec l’objet. Selon cette simple définition du mot, ma connaissance doit donc s’accorder avec l’objet pour avoir valeur de vérité. Or le seul moyen de comparer l’objet avec ma connaissance, c’est que je le connaisse. Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même ; mais c’est bien loin de suffire à la vérité. Car puisque l’objet est hors de moi et que la connaissance est en