Les relations entre Histoire et cinéma sont complexes. C’est depuis les années 70 et la Nouvelle Vague que certains universitaires s’accordent sur son importance quant à la compréhension et à l’écriture de l’Histoire. Il faut éloigner d’emblée tout questionnement tautologique : est-ce le cinéma qui est le produit de l’Histoire ou est-ce, au contraire, le cinéma qui produit de l’Histoire ? Pour trancher, relisons Antoine de Baecque : « Le cinéma est l'art qui donne forme à l'histoire parce qu'il est celui qui peut montrer une réalité d'un moment en disposant des fragments de celle-ci selon une organisation originale : la mise en scène. C'est ainsi qu'il rend visible. Il est l'art d'une forme sensible de l'histoire et sensible à l'histoire. (…) Le cinéma incarne l'histoire en faisant correspondre un mode formel de la réalité qui lui et contemporain et la volonté de transformer cette réalité, qui est le propre de l'homme dans l'action historique ». En d’autres termes, on dépasse le questionnement précédent : le cinéma est un art actif, il utilise le matériel qu’est la réalité – et en ce sens, il est en quelques sortes, un produit de l’Histoire – mais dans le but d’agir sur cette réalité – il produit ainsi également de l’Histoire –. Comme l’affirme Cristiane F. Gutfreind : « le cinéma, plus qu’un exercice de goût, permet de provoquer une rencontre et, comme d’autres champs artistiques, d’organiser notre façon d’être dans le monde, c’est-à-dire d’écrire l’histoire ». Désormais, il est acquis que le cinéma peut être considéré comme un « miroir de la société », c’est-à-dire comme le produit des représentations du monde, des comportements d’une société donnée. Le cinéma renvoie, en effet, une image du monde: c’est un « support privilégié de la mémoire collective ». Cette image peut être critique, réaliste, idéalisée. Ainsi, le cinéma national socialiste allemand renvoyait-il une image idéalisée du régime nazi.
L’Homme de marbre et de L’Homme de fer d’Andrezj Wajda sont