Weber et les religions
Sébastien Fath
Max Weber a entrepris une vaste étude comparative des grandes religions du monde, pour tenter de comprendre comment elles ont influencé ou non le développement économique. Après un siècle, ses typologies servent encore de références – plus ou moins valides – en sociologie des religions.
Dans l'Olympe de la sociologie religieuse, Max Weber (1864-1920) siège aujourd’hui au sommet, foudre en main. Aucun étudiant en sciences sociales ne peut décemment ignorer son emprise, sous peine de sacrilège ou de note éliminatoire. Des ouvrages comme L’Ethique protestante et l’Esprit du capitalisme (1904-1905), Le Judaïsme antique (1917-1919), Economie et Société (posthume, 1922) font presque office de livres saints. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. A y regarder de plus près, M. Weber évoque moins un dieu olympien que le Phénix, créature mythologique réputée renaître de ses cendres.
C’est dans le cadre d’une revue de sciences sociales, créée avec Edgar Jaffé et Werner Sombart, que M. Weber publie coup sur coup plusieurs études qui l’imposent comme un sociologue d’exception. La plus importante n’est autre que L’Ethique protestante et l’Esprit du capitalisme, dans laquelle il développe l’hypothèse d’affinités électives entre une partie de l’éthique et de la théologie protestantes (surtout le puritanisme calviniste) et la culture de l’investissement et du profit d’un entrepreneur capitaliste. Mais son analyse dépasse de loin le terrain protestant : tout en développant une épistémologie rigoureuse et novatrice, il s’attaque à la question du rapport entre la religion, l’économie et la civilisation occidentale. Ses études sur le confucianisme et le taoïsme (sans recherche de terrain), puis sur le judaïsme antique s’inscrivent dans cette perspective, tout comme plusieurs essais inachevés publiés en 1921 et 1922, après la disparition précoce du penseur allemand.
A l’inverse de l’approche d’Emile Durkheim, dont les