Weber, max, le savant et le politique
Introduction
« Max Weber (1864-1920) a été un homme de science, il n’a été ni un homme politique, ni un homme d’Etat, occasionnellement journaliste politique. Mais il a été, toute sa vie, passionnément soucieux de la chose publique, il n’a cessé d’éprouver une sorte de nostalgie de la politique, comme si la fin ultime de sa pensée aurait du être la participation à l’action »[1]. La pensée de Max Weber est intéressante à plus d’un titre : « Si son œuvre est une référence majeure de la sociologie politique, il fut aussi mêlé à la vie politique de l’Allemagne et son œuvre a suscité en France nombre de polémiques scientifiques, où on lui a fait parfois jouer, en compagnie de Tocqueville, le rôle du “challenger” de Marx ou d’allié de celui-ci »[2].
Jean-Louis Loubet del Bayle le range dans une approche normative et idéaliste de la société, et dans la lignée du traditionalisme de Burke et de Bonald, et de l’organicisme de Spencer[3]. Raymond Aron classe les travaux de Max Weber en quatre catégories : Les études méthodologiques (Essais sur la théorie de la science) ; les ouvrages historiques (Agrarverhältnisse im Altertum) ; les travaux de sociologie de la religion (L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme) ; un traité de sociologie générale (Wirtschaft und Gesellschaft).
Le savant et le politique se compose de deux conférences de Max Weber données en 1919 : Le métier et la vocation de savant (Wissenschaft als Beruf) et Le métier et la vocation d’homme politique (Politik als Beruf). Outre ces deux métiers et la vocation qui les accompagne, Max Weber nous propose ici une analyse de l’éthique de ces deux professions. Les développements du sociologue reposent sur des présuppositions. Quelles sont les présuppositions de Max Weber, et constituent-elles un obstacle à l’exercice d’une pensée scientifique ?
Section I :