Wing Wang
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LA JOUEUSE DE GOi : ENTRE LA CALLIGRAPHIE ET LE FRANÇAIS
Stephanie CAMPBELL, McMaster University
Résumé
La joueuse de go est le deuxième roman de Shan Sa écrit en français. Chinoise d’origine, cette écrivaine a d’abord appris la calligraphie, et ensuite le français. Dans ce roman, et dans toutes ses œuvres d’ailleurs, elle incorpore des éléments calligraphiques, afin d’encourager le lecteur français à mieux « pénétrer » la civilisation chinoise. Cet article a pour but d’analyser le style d’écriture de Shan Sa pour pouvoir mieux comprendre la façon dont elle construit son texte et réussit à promouvoir la compréhension interculturelle.
Le mot palimpseste, défini par Gérard Genette dans La littérature au second degré, désigne un « texte occulté par un texte suivant, mais intensifiant le caractère plurivoque de ce dernier (et du premier) » (Dictionnaire International des Termes Littéraires). Godette emploie ce terme « pour montrer qu’un texte littéraire peut toujours en cacher un autre, mais que, comme dans les palimpsestes anciensii, il le dissimule rarement tout à fait, de sorte que le texte se prête souvent à une double lecture… » (Dictionnaire International des Termes Littéraires). Ce thème de la « double lecture » se présente dans l’œuvre de Shan Sa, La joueuse de go. Dans son roman, l’auteure raconte l’histoire d’une jeune Chinoise et d’un Japonais qui se rencontrent en
Mandchourie durant l’occupation japonaise pendant les années trente. Bien que l’œuvre soit écrite en français, l’écrivaine emploie un style d’écriture très particulier, car elle y introduit des aspects de la calligraphie chinoise. En analysant le style, le rythme et la structure du texte, je démontrerai la façon dont La joueuse de go est un véritable palimpseste et que la double lecture entre la calligraphie et le français réussit à promouvoir la compréhension interculturelle.
Voix plurielles 8.1 (2011)
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Le but de son roman,