Yourcenar le lait de la mort
Introduction` Cette nouvelle, la deuxième du cycle des Balkans, forme, avec Le Sourire de Marko, un diptyque, puisque c'est le même personnage qui raconte les deux histoires. L’ingénieur français, ici, reçoit un nom, donc une identité plus précise : il s’appelle Jules Boutrin. Comment la technique des récits emboîtés et l’unité du lieu1 (les Balkans) permet un saut vertigineux dans le temps : la légende vient d’un passé immémorial. Dans une première partie, nous étudierons le rôle du conteur. Puis, nous examinerons le caractère légendaire de la nouvelle et nous conclurons sur la force de l’héroïne.
Là aussi, enfin, le premier narrateur reste très discret : il présente très rapidement la ville et les deux voyageurs (ils sont à la terrasse d’un restaurant), et intervient, dans l’épilogue, pour décrire une gitane (p. 57).
I. Le rôle du conteur
Un médiateur a) Triplement étranger Jules Boutrin, comme le lecteur (et l’auteur), est triplement étranger à l’histoire racontée : - rationnel - occidental, - technicien adapté au monde contemporain : il surveille des travaux de barrage L’ingénieur semble aux antipodes de l’univers oriental, archaïque et mythique.
b) Réquisitoire contre ces mères dures, glacées, déshumanisées Il regrette les grandes figures légendaires du passé : Andromaque, Griselda, Isolde, Aude Ce sont les seules femmes qu’il ait vraiment aimées. Il place la jeune héroïne serbe au-dessus des plus grandes figures de notre patrimoine Il affirme la force du mythe et sa valeur : ce personnage symbolique incarne, à ses yeux, la Maternité.
c) Lien entre Orient et Occident Ainsi, cet étrange amoureux du conte conduit le lecteur vers ces héros à demi barbares, qu’il juge exemplaires. Il joue donc