Zimeo
(1716-1803): Ziméo (1769). Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées, sauf "i/j", "u/v" et "s" longs qui sont restitués. Texte établi sur un exemplaire (BmLx: n.c.) de l'édition des Saisons donnée à Amsterdam en 1769.
Ziméo par le marquis de Saint-Lambert
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ZIMÉO PAR GEORGE FILMER, né primitif.
LES affaires de mon commerce m'avoient conduit à la Jamaïque; la température de ce climat brûlant & humide avoit altéré ma santé, & je m'étois retiré dans une maison située au penchant des montagnes, vers le centre de l'isle; l'air y étoit plus frais & le terrain plus sec qu'aux environs de la ville; plusieurs ruisseaux serpentoient autour de la montagne qui étoit revêtue de la plus belle verdure; ces ruisseaux alloient se rendre à la mer, après avoir parcouru des prairies émaillées de fleurs & des plaines immenses couvertes d'orangers, de cannes à sucre, de cassiers,
& d'une multitude d'habitations.
La jolie maison que j'occupois appartenoit à mon ami Paul
Wilmouth de Philadelphie; il étoit, comme moi, né dans l'Eglise primitive: nous avions à-peu-près la même manière de penser; sa famille composée d'une femme vertueuse & de trois jeunes enfants, ajoutoit encore au plaisir que j'avois de vivre avec lui.
Lorsque mes forces me permirent quelque exercice, je parcourois les campagnes, où je voyois une nature nouvelle & des beautés qu'on ignore en Angleterre & en Pensilvanie; j'allois visiter les habitations, j'étois charmé de leur opulence; les hôtes m'en faisoient les honneurs avec empressement; mais je remarquois je ne sçais quoi de dur & de féroce dans leur physionomie & dans leurs discours; leur politesse n'avoit rien de la bonté; je les voyois entourés d'esclaves qu'ils traitoient avec
barbarie. Je m'informois de la manière dont ces esclaves étoient nourris, du travail qui leur étoit imposé, & je frémissois des excès de cruauté que l'avarice peut inspirer aux hommes.
Je revenois