Zola, l'argent
Zola, l'argent, la littérature… Conférence prononcée aux lycées Chateaubriand de Rennes, Montaigne et Gustave Eiffel de Bordeaux.
Mise en ligne le 13 janvier 2010.
© : François-Marie Mourad.
François-Marie Mourad, professeur agrégé des Lettres, docteur en Littérature et civilisation françaises, est professeur en classes préparatoires littéraires au lycée Montaigne de Bordeaux.
Il est l'auteur de nombreux articles, d'éditions et d'ouvrages, notamment sur Zola.
Zola, l'argent, la littérature…
« L'argent a créé les lettres modernes[1]. »
Aborder Zola par la question de l'argent est inévitable, parce que sa vie et son œuvre sont singulièrement influencées par l'argent. Mais c'est épineux parce qu'on peut parler à ce propos d'un véritable enchevêtrement de problématiques. Quel angle adopter : biographique, psychologique, économique, socio-historique, littéraire, symbolique, voire mythologique… ? Le titre que j'ai choisi, Zola, l'argent, la littérature… se tient prudemment à la lisière de ces cheminements possibles. Mais enfin il faut tout de même s'engager, choisir. Je vous propose donc un itinéraire en deux étapes, dont le fil rouge sera la référence attendue au roman L'Argent[2], que Zola publie en 1891.
Dans un premier temps nous nous intéresserons à la place de l'argent dans la vie et la carrière de Zola. Quel type de rapports l'homme et l'écrivain ont-ils entretenus avec l'argent ? On verra que Zola, à la lumière de son expérience personnelle, a été conduit à promouvoir le rôle de l'argent dans la littérature en l'incluant dans une éthique libérale qui fait la part belle à la valeur travail. Dans un deuxième temps, nous examinerons la place de l'argent dans le roman du même nom et dans la fiction. L'argent, cette fois, renvoie, et c'est là le problème, non plus au travail mais au plaisir, au désir, à l'imaginaire… Ce découplage de l'argent et de la réalité entraîne des excès en tout genre et provoque la