Zola
Au début, Camille est présenté « couché à plat ventre », dans une attitude tout à fait sereine, en dépit d’une certaine crainte que lui inspire l’eau. La progression de la tension commence par le silence des protagonistes : « Laurent ne répondit pas » et l’immobilité passive de Thérèse. Le seul bruit est le chant lointain des canotiers. Les notations descriptives du décor sont très limitées, mais préparent le drame : « La barque allait s'engager dans un petit bras, sombre et étroit, s'enfonçant entre deux îles. » Ce petit bras sombre n’est pas sans faire penser au passage du Pont-Neuf, décrit au début du roman.
Zola joue sur les points de vue narratifs. Comme dans l’ensemble du récit le point de vue est omniscient (focalisation zéro), mais on remarque qu’au début, le personnage dont on connaît les pensées « de l’intérieur » est Camille : « Camille se tourna et vit la figure effrayante de son ami, toute convulsionnée. Il ne comprit pas ; une épouvante vague le saisit. Il voulut crier, et sentit une main rude qui le serrait à la gorge. ». On est également informé des émotions de Thérèse : « Elle ne pouvait fermer les yeux : une effrayante contraction les tenait grands ouverts, fixés sur le spectacle horrible de la lutte. Elle était rigide, muette. », « La crise qu'elle redoutait la jeta toute frémissante au fond de la barque. Elle y resta pliée, morte. ». Spectatrice du meurtre qu’elle a prémédité, elle le regarde s’exécuter avec une terreur qui augmente celle du lecteur. En revanche, on n’a presque aucune information sur les pensées de Laurent, sinon la mention « avec inquiétude », qui peut être une simple expression de son visage. Cette absence d’une vision « de l’intérieur » le réduisent à sa force physique et à sa ruse quasi animale.
Laurent parvient à lancer Camille dans l’eau. C’est le thème de la morsure au cou. Il a été souvent question du « cou de taureau » de Laurent. Au début