Zola1
BNF, Estampes, Dc 300 a(1)
Art de l’écrivain, art du peintre
Une « âpre recherche du réel »
Dans son projet des Rougon-Macquart de 1868, Zola classe la société contemporaine en quatre mondes : le peuple, les commerçants, la bourgeoisie et le grand monde. Dans un cinquième,
« à part », il range l’artiste, avec la putain, le meurtrier et le prêtre. Ce monde des artistes, Zola le connaît bien : dès l’adolescence, avec son inséparable camarade Paul Cézanne, il s’interroge sur l’art, la poésie et la création artistique. À son arrivée à Paris en 1858, c’est dans un milieu d’artistes qu’il évolue, grâce aux relations d’amis peintres aixois échoués comme lui dans la capitale.
Avec Cézanne toujours, il court les ateliers, l’Académie suisse, les musées et les Salons, et fait la connaissance entre autres de Manet, Monet, Renoir, Fantin-Latour et Sisley, qu’il retrouve au café
Guerbois autour de discussions enflammées.
Jusqu’en 1870, le jeune homme, qui rêve de poésie et de littérature, ne fréquente que des peintres et, qui plus est, l’avant-garde artistique : sa formation intellectuelle, sa carrière et sa conception de l’écriture en seront profondément influencées. Devenu le porte-parole de ses amis, il se fera un nom dans la critique d’art et publiera de nombreux ouvrages critiques. Pour l’écriture de ses romans, il s’inspirera beaucoup du travail des peintres (dans ses prises de notes « sur le vif », dans le choix de ses sujets, dans ses techniques descriptives…) ; enfin, les thèmes de l’art, de l’artiste et de la création artistique sont récurrents dans son œuvre romanesque : « Une farce », nouvelle écrite en
1877, met en scène une bande d’artistes qui ressemble fort à la sienne. En 1880, « Madame Sourdis » est une réflexion sur la création artistique et sur la répartition du féminin et du masculin dans le tempérament de l’artiste… L’amant de Thérèse Raquin, Laurent, est un artiste raté qui retrouve une inspiration de génie