Zone Appolinaire
Introduction
Zone est le poème d'ouverture du recueil Alcools (1913) de Guillaume Apollinaire. Ce poème au cycle de Marie (en référence à Marie Laurencin, peintre, rencontrée par Guillaume Apollinaire en 1907). C’est en changeant le titre du recueil Eau de vie en Alcools et en décidant de supprimer toute ponctuation que l’auteur rajoute en tête de l’ouvrage le poème Zone, dernier écrit de l’ensemble : il donne ainsi à son recueil une orientation philosophique.
On est frappé par l'apparence du poème : certains vers sont détachés, d'autres regroupés en strophes ; il n'y a pas réellement de régularité. Ce sont des vers libres (pas de mètres réguliers), les lois de la versification ne sont pas respectées. Ces vers riment à peine : ils sont assonancés. Pas de ponctuation.
Le poème n'est pas complètement déroutant, mais apparaît quelquefois bizarre. Nous allons étudier les 24 premiers vers du poème. Dans un premier temps, nous verrons en quoi cet extrait du poème Zone est innovant pour 1913, puis nous analyserons comment Apollinaire fait l'éloge du monde moderne.
I) L'innovation poétique :
1) Une énonciation originale
→ Les repères sont brouillés (de temps, de personne), il n’apparaît pas d’ordre logique dans le déroulement du poème.
a) Indice personnel "je" = poète (vers 15 et 23)
b) Indice personnel "tu" : le christianisme est personnifié et Appolinaire s'adresse directement à lui à la deuxième personne du singulier (vers 7).
Dialogue fictif entre le poète ("je") et le christianisme, ainsi que le Pape.
Enonciation personnelle complexe et propice aux ambiguïtés.
c) Indices temporels : "Ce matin" est employé à la fois avec des verbes au présent (énonciation immédiate), mais aussi avec un verbe au passé composé. On peut donc se demander où sont situées les paroles du poète.
Tous les repères sont brouillés, d'autant plus que la ponctuation est inexistante → décalage constant, effort de représentation de la part du lecteur.