« A la mort de Kim Jong Il, les médias français ont qualifié la Corée du Nord de « dernier bastion stalinien de la planète »
Les régimes autoritaires et totalitaires
Au début de l’année 2014, dans le contexte du soulèvement d’une partie de la population contre le régime en place en Ukraine, l’opposante emprisonnée Ioulia Timochenko a comparé le président Viktor Ianoukovitch à Staline, l’accusant de transformer l’Ukraine en « Corée du Nord ».
Plus de vingt ans après la chute de l’Union Soviétique, maintenant que la Chine a adopté une économie de marché et que le Vietnam et Cuba se sont relativement ouverts aux investisseurs étrangers, la Corée du Nord, dans l’imaginaire collectif, ne semble pas avoir changé, restant une sorte de « Jurassic Park » du marxisme-léninisme. Dans tous les esprits, s’il n’en reste qu’un, ce sera celui-là.
Se pencher sur le régime de la Corée du Nord impose de prendre des précautions particulières étant donné l’absence d’information dont on dispose sur son fonctionnement interne. C’est pourquoi la place de l’imaginaire collectif, de l’inconscient général est tellement importante, la réalité est trop floue pour aborder le « paradis de feu » de Kim Il-Sung avec certitude. Officiellement, la République populaire démocratique de Corée se réclame être un « état socialiste souverain qui représente les intérêts de tout le peuple coréen ». Les journalistes, quant à eux, la définissent comme le « dernier bastion stalinien de la planète ». Cette définition accrocheuse permet immédiatement au public visé de comprendre la nature du régime, mais n’est-il pas, en fait, trop réducteur ?
Tout d’abord, on peut dire que l’analyse du stalinisme et sa comparaison avec le kimilsôngisme sont primordiales pour appréhender le système politique nord-coréen puisque, dès son origine, le premier constitue la source d’inspiration revendiquée la plus importante du second. Toutefois, l’utilisation de l’adjectif « stalinien » met bien en garde : il ne s’agit