A qui appartient le corps humain
"Mon corps n'est pas seulement un objet parmi les objets ... il est un objet sensible parmi les autres qui résonne pour les sons, vibre pour toutes les couleurs..." Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, pp 188, 195, 273.
Naturellement, à la question « mon corps m'appartient-il ? » je répond oui sans hésiter, je fais ce que je veux avec et cela ne regarde que moi tant que je ne nuis à personne. Et pourtant, de nombreuses loi encadrent les pratiques relatives au corps humain et à l'utilisation de ses composantes. En effet, l'essor des biotechnologies et le progrès dans le domaine des pratiques médicales font de la question de la propriété du corps humain un lieu de débat politique, juridique et éthique. C'est toute la question du statut du corps dans nos sociétés qui est posée. Nul doute en effet que le corps n'est pas un objet et encore moins une marchandise comme une autre. Et pourtant nous revendiquons le droit de disposer de notre corps comme bon nous semble. En effet, les années 1960 ont vu émerger dans les pays industrialisés un certain nombre de revendications tenant aux droits individuels et à l'autonomie de la personne, conduisant à des changements sociaux importants (dépénalisation du suicide, de l'avortement, de l'homosexualité, libération sexuelle, légalisation du divorce, de la contraception, etc.). Certains penseurs ont critiqué le paternalisme des médecins ; d'autres les manquements éthiques à l'égard des sujets d'expériences médicales. Ces critiques ont été développées dans les années 1970 par des philosophes, sociologues ou encore par le mouvement anti-psychiatrie. => Dans tous les cas, la question qui se pose est de savoir si chaque individu peut être rendu propriétaire de son corps sans risque pour lui même ou son entourage. Le droit à la propriété du corps humain est-il inaliénable ou existe-t-il des principes supérieurs ou des instances morales autoritaires et qualifiées pour encadrer les pratiques