A quoi sert la philosophie
Une telle question nous réclame certes un bilan des avantages de la philosophie mais aussi une interrogation plus fondamentale sur la notion même d'utilité, puisque c'est dans l'écheveau du rapport entre fin et moyen qu'il s'agit de situer la philosophie.
On n'est pas en droit de présupposer l'utilité de la philosophie au nom du "philosophiquement correct". Il se pourrait qu'on doive au contraire la décrire comme nuisible, voire dangereuse. Il y a des arguments : le philosophe se retrouve coupé de la réalité, son immersion dans la mer des livres lui donne un type de connaissance qui n'est pas celui de la vie. C'est du reste par la reconnaissance de ce fait qu'a commencé l'histoire de la philosophie, puisque le philosophes Thalès, l'un des premiers est décrit comme tombant dans un puits parce que, lourd symbole, il a regardé les astres. La métaphore de l'albatros qui vaut si bien pour le poète convient aussi au philosophe.
Ces pour des raisons de ce genre que Jean-Jacques Rousseau se défie des livres. Qu'on mette le philosopher dans un livre, et il faudra répondre à un livre par un livre, les textes susciteront les textes et le livre deviendra un doublet poussiéreux du monde dont personne ne sortira jamais. Fait pour rapprocher de la réalité,