A quoi sert l'histoire?
Nous vivons dans un temps qui attache une grande importance à l’enseignement de l'histoire. Il nous semble en effet que l’histoire est une discipline indispensable à la formation des citoyens dans l'Etat. Les historiens nous rappelle toute l'importance du devoir de mémoire à l'égard de ce passé barbare que nous ayons traversé. Garder mémoire en n’oubliant pas le passé, c’est demeurer vigilant et être capable de déceler ce qui dans notre temps risquerait de s’avérer une répétition sinistre du passé. Il paraît donc important de donner à l’enseignement de l'histoire une place de premier plan, afin que les générations à venir ne demeurent pas aveugles au présent ; l’enseignement de l’histoire tend en effet à montrer que le présent n'existe que parce qu'il a été fait par un passé.
Pourtant, ce consensus autour de la valeur de l’histoire ne suffit pas à évacuer des doutes et des critiques. Vouer un culte au passé, surenchérir sans cesse sur la mémoire, c’est aussi risquer d'alourdir le présent d'un poids écrasant et irrévocable. Dans la conscience des peuples, il est aussi vital que l’on soit capable de laisser le passé là où il est, pour créer un monde nouveau, en donnant au présent toutes ses chances, sans une sempiternelle référence au passé. Pour créer, il faut pouvoir oublier ce qui doit l’être. Or la tendance à l’historicisme tend au contraire à déprécier toute initiative et à lester le présent de toutes les comparaisons. L’histoire fait de nous des tard venus, des avortons malhabiles d’un passé toujours plus glorieux que notre présent médiocre et vide. Quelle utilité peut-on reconnaître à l’histoire