D Bat Philosophique Et Citoyennet 1
François Galichet
Professeur émérite à l’IUFM d’Alsace
On distingue habituellement trois aspects dans le concept de citoyenneté.1 En premier lieu un aspect identitaire : être citoyen, c’est éprouver une « ressemblance fondatrice » avec d’autres – ressemblance qui est à la fois le principe de cohérence de l’identité nationale et de sa distinction des autres nations.
Cette ressemblance peut aussi bien se fonder sur une histoire commune, une culture ou une langue communes, voire une religion, des traditions : l’essentiel est qu’elle donne lieu à une « conscience d’identité » qui émerge à travers les différences individuelles, sociales, ethniques ou géographiques qui caractérisent les citoyens d’une même nation.
En second lieu, être citoyen, c’est prendre des décisions ensemble, être partie prenante de projets, d’entreprises, d’actions auxquelles on participe par le biais de l’élection des représentants ou, dans le cas de la démocratie directe, par le processus référendaire. C’est ce qu’on pourrait appeler l’aspect pragmatique de la citoyenneté. Enfin être citoyen c’est avoir conscience de droits et de devoirs, non seulement pour soi, mais aussi corrélativement pour les autres. C’est donc être vigilant non seulement pour la défense de ses propres droits, mais aussi ceux des autres ; non seulement pour l’accomplissement de ses devoirs propres, mais aussi ceux des autres. On pourrait nommer vigilance critique ce troisième et dernier aspect de la citoyenneté, qui se concrétise notamment par la défense des droits de l’homme et du citoyen partout où ils sont violés.
Ces trois aspects se réalisent, au plan pédagogique, par la mise en œuvre en classe de trois types de parole. L’aspect identitaire donne lieu à ce que nous avons appelé2 la parole expressive : Quoi de neuf ?, texte libre notamment.
L’aspect pragmatique est illustré par des pratiques telles que le Conseil, le travail collaboratif, la coopération à l’école. L’aspect critique